jeudi 26 février 2009

NTL...

Je termine la correction des questions du brevet blanc…. Tout cela me laisse rêveuse…. J’ai dû allumer la lampe, le temps couvert et gris rend mon bureau trop sombre et je vois mal…

(Qui a dit « C’est l’âge ? »….)

Mais cette lampe allumée a été soudain ma madeleine à moi. Telle celle de Tonton Marcel, elle provoqua un retour en arrière…

Il y a 11 ou 12 ans… Etait-ce la première ou la deuxième année où j’exerçais dans la campagne picarde ? Qu’importe la date ! Je débutais, c’est la seule certitude.

Mes élèves, sans être des foudres de guerre, étaient plutôt agréables, bien qu’un peu lents…

(Oui, lecteurs, je sais pratiquer l’euphémisme quand l’occasion se présente.)

Non contents d’être lents, ils étaient souvent, essentiellement dans la cour, très grossiers.

Or, un jour que nous travaillions sur le vocabulaire, nous abordons la famille du mot « nuit »…

Nocturne… Bien.
Noctambule… Bien !
Nuitée… Bien !!
Nuitamment…Bien !!!.....................................

C’est alors que je leur proposais cette phrase délicieuse : « la chouette est nyctalope ».

Après un court instant de silence stupéfait, un hurlement de rire secoua la classe. Imperturbable, m’obligeant à rester sérieuse, je leur demandais ce que cela pouvait bien vouloir dire.
Si le terme leur était inconnu, en revanche, ses sonorités leur rappelaient quelque chose…
Après éclaircissement, je concluais que certains mots avaient le goût de l’injure, l’odeur de l’injure, la couleur de l'injure... mais que ce n’était pas des injures. Ils riaient en sortant de la classe et moi aussi.

Dans les jours qui suivirent, j’entendis quelques « nyctalope !» fuser dans la cour, et ne m’en préoccupais point.

Oui mais voila…..

Mon chef de l’époque ne possédait que bien peu de finesse et encore moins de vocabulaire. Le mot rare ne l'émouvait pas, et son style était tout, sauf coruscant.

Aussi, peu de temps après me convoqua-t-il dans son bureau.

Il tenait à marquer sa réprobation.

Un professeur de français n’était pas là pour apprendre des mots grossiers aux élèves. Ils en connaissaient suffisamment sans qu’on leur en fournisse d’autres!

Je marquai ma surprise par un silence et un haussement de sourcils.

Puis je lui demandais de quel mot il parlait, affirmant, à juste raison, que je mettais un point d’honneur à conserver en toutes circonstances un niveau de langue plus que correct, voire élevé.
(Connaissait-il seulement la différence, je me pose encore la question !)

Enfin, après un nombre important de « je ne vois pas de quoi vous parlez. » de ma part ; de « ne faites pas l’innocente ! » de la sienne, et devant mon insistance, il osa lâcher dans un souffle le mot coupable:

« nyctalope ! »…

Que c’est difficile de ne pas exploser de rire à la tête d’un balourd….

Il me fallut alors, avec le plus grand sérieux, en cours particulier, dans le bureau du principal et à son profit, refaire la leçon de vocabulaire.

J’ai la certitude que mes élèves d’alors et ce frustre personnage essaient régulièrement de placer ce joli mot de notre langue !


Et vous? Avec quel(s) mot(s) jouez-vous?....

2 commentaires:

  1. Le lexique amoureux fournit de bonnes occasions de rire (et d'apprendre):
    la concubine, "baiser la main", les maladies vénériennes (non Lucile, il ne s'agit pas de chagrin d'amour!)...
    V.

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  2. Avec les élèves, surtout s'ils ont de la répartie (parfois malgré eux) soit! Mais les gros lourds qui se disent nos chefs....ça reste un bon souvenir!

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